Un bon jour pour mourir
La merveilleuse histoire d'une virée fantastique à travers l'Amérique des années 60 ! Un trio inoubliable prend la route, entre un joint, deux cuites et trois parties fines, pour s'en aller faire sauter un barrage du côté du Grand Canyon du Colorado. Selon Michel Lebrun, si ç'avait été un polar, ç'aurait été le meilleur de l'année. En tout cas, on n'oubliera pas de sitôt les aventures savoureuses et les portraits tendres de ces trois héros que Jim Harrison dépeint dans le style flamboyant qui est sa marque.
L'histoire de ce roman démarre avec un délire d'alcoolique : le pari de faire sauter les barrages qui empêchent les saumons de remonter les rivières. Et le narrateur s'embarque pour une virée à travers les Etats Unis avec Tim, personnage trouble et défiguré. Tim ira chercher Sylvia, une femme qu'il a aimée. Des relations ambiguës se tissent entre ces trois personnages, un parallèle peut être fait avec le magnifique "Jules et Jim". Puis le narrateur tombe éperdument amoureux de Sylvia qui lui est inaccessible vu qu'elle aime toujours Tim qui, lui, prend plaisir à l'humilier.
Finalement, j'en suis arrivé à éprouver une tendresse particulière pour ce triangle amoureux traversant à mille à l'heure un paysage parsemé de sexe, d'alcool, de rock’n’roll et de grands espaces. Harrison nous dresse des portraits tendres de personnalités fortes et différentes.
C'est une sorte de polar poétique dans lequel l'auteur nous livre sans concession sa soif d'évasion, son amour de la nature et son aspiration à l'amour vrai.
En tournant la dernière page, j'en suis arrivé à me demander comment tant de violences, de désespoir, de solitude peuvent être traversés soudain d'une telle onde de compassion et de mélancolie ? Monsieur Harrison nous apporte une magnifique réponse...
Extrait :
"J'avais si peu de ce que je considérais comme du courage. Il m'était facile de supposer que le courage est souvent une question d'énergie et de métabolisme. Je savais qu'il était peu probable que Tim se retire un jour d'une bagarre ou qu'il renonce aux dangers de la conduite de compétition. Et lorsque nous avions eu l'occasion de parler de la guerre, la peur avait été étrangement absente de ses commentaires. Faire sauter un barrage lui semblait aussi évident que faire un bon repas ou aller au cinéma, plus évident même que faire l'amour, un acte qui lui posait apparemment quelques problèmes. Et les Nez Percés, qui s'étaient battus sur le sol même où je me tenais, avaient un proverbe : à l'approche de la guerre, ils disaient : "Courage ! c'est un bon jour pour mourir"..."