Américan history X
Synopsis
Lorsque j'ai lu le résumé, j'ai pensé aussitôt à un film moralisateur avec un message redondant du style "Être nazi, c'est mal". Or, je fus surpris de constater que American History X est tout sauf moralisateur.
Le film évite, en effet, de tomber dans du pathétique et du manichéisme basique. Tony Kaye aborde les thèmes sensibles du racisme, de l’intolérance et de l’extrémisme. Les Blancs comme les Noirs ont recours à la violence comme seul mode d'expression, ce qui à priori leur donne l'impression de dominer une situation qui paradoxalement les dépasse totalement. Je pense que l'un des moments clé du film est quand le prof d'histoire demande au néo-nazi : "est-ce que le meurtre que tu as commis a rendu ta vie meilleure ?".
Certains passages sont très sombres et le réalisateur ne nous ménage pas. Le film a été divisé en deux parties, qui se mélangent entre elles : avant le stage en prison de Derek, et après son emprisonnement. Les périodes antérieures à l'emprisonnement sont en noir et blanc, probablement pour refléter à quel point l'âme de Derek était sombre et hantée par la haine de l'étranger, mais surtout, elles ont un effet visuel qui donne de la profondeur au sujet.
Les deux acteurs sont époustouflants de charisme et de justesse. Edward Norton est méconnaissable en fasciste tatoué. Il signe un des meilleurs rôles de sa carrière, avec Fight Club. Edward Furlong est totalement à l’aise dans son rôle de jeune paumé à la recherche de modèle.
Le réalisateur a réussi son pari, à savoir mettre en lumière les mécanismes de l’extrême droite. Son objectif est de montrer en quelques images chocs les conséquences d’une idéologie dangerereuse sur une société qui doute et ne se sent pas en sécurité. Et il nous amène à travers la prise de conscience de Derek à nous poser la question suivante : une société basée sur la haine peut-elle avancer ?
La force de "American History X" est d'être universel : les discours racistes des néo-nazis sur "les immigrés polluant la patrie" sont exactement les mêmes tenus en France, en Angleterre ou partout depuis des siècles et semblent se reproduire indéfiniment. "La bête" est toujours là, insidieuse, cachée mais prête à surgir à chaque instant ....ne l'oublions pas !