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beaucoup de bruit pour rien
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8 juin 2007

Dexter - la faucheuse est de retour

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Synopsis

Dexter Morgan est l'un des meilleurs experts médico-légaux de la police de Miami. Mais la nuit, son côté obscur prend le dessus, et il devient un serial killer qui applique sa propre justice en tuant des personnes qui l'ont mérité.

En août 2005, on quittait Michael C. Hall embaumeur chez Fisher & Sons au terme de cinq années mémorables dans le rôle de David Fisher dans la séree, Six feet under. En cette rentrée 2006, le comédien revient à la télévision, toujours dans un rôle en lien avec la mort : Dexter Morgan, le tueur de tueurs.

Dexter Morgan, portrait d'un serial-killer

La Grande Faucheuse a un nouveau visage en la personne de Dexter Morgan.  Dexter est expert médico-légal en taches de sang à Miami (Floride). Il a la trentaine, 12 ans de service et un peu plus de 2.100 affaires à son actif. Enfin, ça c'est son travail de jour ; la nuit, il dépèce des gens. La mort est son métier, et son hobby. C'est "un monstre très soigné" qui "ne rate jamais un bain de sang", comme il aime à le plaisanter. Plus que ça, c'est un sociopathe incapable d'éprouver le moindre sentiment hormis l'admiration face au travail d'un autre. C'est vrai, on peut toujours trouver de bonnes idées chez les autres.

Il a une petite amie, Rita, presque "aussi abîmée que [lui]". Ex-femme d'un junky violent en prison, elle le fréquente platoniquement depuis six mois. Les deux enfants de Rita adorent Dexter et s'"[il avait] un coeur, il pourrait fondre" devant tant d'affection. Il a également une famille, ou du moins ce qu'il en reste : Debra sa soeur, qui travaille dans la police elle aussi. Il l'apprécie plutôt, et s'"[il] pouvait éprouver le moindre sentiment, [il] en aurait pour Deb". Quid de leurs parents ? Morts, et Dexter jure de ne pas les avoir tués, ce qui est vrai.

D'ailleurs, Dexter appréciait son policier de père. C'est ce dernier qui s'est aperçu des besoins d'un fils adoptif au parcours somme toute classique : d'abord les animaux puis l'envie de se mesurer à quelque chose de plus gros. C'est grâce à lui que Dexter est parvenu à canaliser ses pulsions homicides, en l'emmenant chasser puis en le laissant achever le gibier d'un coup de couteau. Véritable papa gâteau, il lui a montré la voie pour taper dans la catégorie supérieure, mais pas n'importe comment, en ciblant ceux qui méritent d'être puni, ceux que la machine judiciaire n'est pas parvenue à enrayer. Papa Morgan lui a aussi appris à couvrir ses traces. Maintenant Dexter mène une vie paisible de coquille vide qui "flotte à la surface de sa propre vie" avec "l'impression de louper une pièce essentielle du puzzle humain" en classant méthodiquement sa collection de plaquettes contenant une tache de sang de ses victimes. Cela jusqu'à ce que "le tueur au camion frigorifique", qui connaît sa vraie nature, décide de jouer à un petit jeu avec lui.

"Dommage, ça ne m'a jamais réjoui de faire une veuve"

Les tueurs en série sont devenus des stars. Leurs méfaits parlent directement à l'oreille perverse de l'être humain, facilement fasciné par ces gens semblables à lui en surface mais tellement dysfonctionnels en réalité. La littérature et le cinéma se sont emparés du phénomène depuis un moment. American Psycho, Le parfum, Se7en, Le Silence des agneaux, Henry, portrait of a serial killer et Zodiac, prochainement, sont autant d'oeuvres qui ont embrassées ce thème dans une étreinte morbide.

Avec Dexter, le tueur en série fait son entrée sur le devant de la scène télévisuelle. Après avoir été maintes fois traqué par des limiers cathodiques, le grand méchant loup s'émancipe et devient personnage principal d'une série tv. Tiré du roman Ce cher Dexter de Jeff Lindsay (Ed. Seuil, 2005), la série raconte la vie d'un sociopathe tentant de simuler au mieux une normalité tout en consommant son désir de meurtres.

Dexter marque son premier point par la composition de Michael C. Hall. Tout simplement magistral, l'acteur suinte l'Emmy Award comme son personnage transpire l'ambiguïté. L'acteur américain est passé de l'homo contrarié de Six feet under au prédateur exalté avec une grâce déconcertante. On perd le sens du mot "moralité" confronté à son personnage. Dexter Morgan n'a en effet rien du tueur en série classique. Au contraire, il a vécu confortablement dans une cellule familiale saine avec, qui plus est, un père qui a su lui apprendre à tuer "équitable". Chaque fois qu'il applique ses méthodes, le plaisir est jubilatoire. Du recueil de preuves à la sentence finale, l'humour noir de Dexter, ses manies et ses remises en questions provoquent un effet boeuf. Même si Dexter Morgan tente de "rétablir l'ordre du monde", l'approche psychologique touffue du personnage évite brillement le basique "oeil pour oeil, dents pour dents" pour le laisser marcher dans les pas des grands héros torturés du petit écran que sont Jack Bauer ou le cynique docteur House....

"Frère, ami, petit ami, tous font partie de ma collection de déguisement"

Si Michael C. Hall est pour beaucoup dans la qualité de la série à ce point de la diffusion, il n'en est heureusement pas le seul élément positif. Car plus que s'intéresser à la vie d'un tueur en série à problèmes, Dexter livre une gigantesque métaphore du "masque". D'abord celui que revêt Dexter Morgan dans la vie de tous les jours pour feindre son statut d'être humain, mais avant tout celui que chacun porte en permanence pour voiler les apparences. Cette idée transparaît à travers la farandole de personnages mis en place, du sergent James Doakes, dur mais fragile, d'Angel qui clame qu'il nourrit sa femme à "la pasión" alors qu'il en est séparé, de la petite amie en détresse mais déglingo en réalité, jusqu'au cadre : Miami la vicieuse. Derrière le clinquant, la ville de Floride a l'odeur rance de la pourriture.

Dexter est sûrement est la série surprise de ce début d'année. Tirée des romans de Jeff Lindsay (deux titres parus au Seuil) qui en est également le scénariste, cette série joue sur la notion d’un héros, donc forcément un peu positif, se révélant pas du tout recommandable.

Evidemment, après le visionnage des premiers épisodes, une question arrive vite sur le tapis. Qui mérite au juste, de passer de vie à trépas, qui plus est dans d’atroces souffrances, entre les mains expertes de Dexter ? C’est une des composantes de cette série destabilisante et oppressante.

Entre la composition de Michael C. Hall, qui mélange subtilement le terrifiant et le pathétique, les personnages secondaires très travaillés (la petite amie alibi de Dexter, ex-femme battue qui croit avoir trouvé le compagnon parfait) et la toile de fond (un Miami clinquant et rongé par les trafics), Dexter frappe un grand coup dans le monde des séries tv (après l'excellent six feet under).

Une très bonne idée originale de base, une série sans concession bien construite autour de son acteur principal assez étonnant. Je suis conquis.....

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Commentaires
C
Ca me rappelle un peu le personnage de John Raine, tueur professionnel, qui a pas mal de succès aux US. Ecrit par Barry Eisler. 4cest particulier un tel personnage, même pour un anti héros
N
Lamousmé : la curiosité est un bien joli défaut !<br /> <br /> Caroline : un peu de six feet under, un peu de nip tuck, on remue le tout est on obtient un cocktail explosif dénommé dexter
A
J'ai vu un épisode cette semaine et je n'ai pas adhéré. Trop glauque pour moi !
L
ahhhhhh oui oui oui je suis tres curieuse aussi de la découvrir!!!! ;o)
C
J'ai lu pas mal de choses très positives sur cette série. Le sujet est glauque et immoral, mais aussi très intéressant ! J'ai hâte de la voir.
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