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beaucoup de bruit pour rien
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28 janvier 2007

1984 - Georges ORWELL

9782070368228

Big Brother is watching you : cette phrase rendit son auteur célèbre dans le monde entier.Elle est bien sûr tirée de 1984 le dernier roman de George Orwell et son plus fameux. 1984 ( c’est 1948, la date inversée de sa création) décrit un pays totalitaire, l’Océania, dirigé par un parti unique et sa figure emblématique Big Brother dont le portrait tapisse tous les murs et semble surveiller tout le monde. Toute liberté individuelle est exclue; la police de la pensée enlève, torture, rééduque et exécute quiconque n'a pas une attitude conforme à la norme établie.

L’Océania est un état constamment en guerre: le peuple est maintenu dans un état perpétuel de privation et de désinformation. Tous les foyers sont équipés d’un écran impossible à éteindre qui diffuse la propagande officielle mais sert aussi à surveiller les citoyens.

On sait qu’ Orwell s’est inspiré de Staline pour en faire son Big Brother, figure du dictateur absolu, et de l’URSS pour décrire cette société totalitaire. La guerre froide en a fait un livre de dénonciation du communisme mais il faut y voir surtout une anti-utopie pessimiste sur l’avenir de l’Angleterre et de l’humanité.

En ouvrant la voie à d’autres oeuvres anti-utopiques (Sa Majesté des Mouches, de William Golding, Orange Mécanique de Anthony Burgess) tout en se situant dans une tradition établie ( Wells, Huxley), Orwell a anticipé sur le développement d’une société de masse dominée par la violence et le spectacle médiatique et technologique ( on sait aujourd’hui qu’Orwell a pris pour modèle du palais de 1984 le siège de la BBC !...) La grande idée du roman reste l’apologie de la liberté d’expression contre toutes les dérives y compris celle des sociétés dites démocratiques.

La biographie de Bernard Crick Orwell, une vie publiée en 2003 dans sa version définitive et dans une nouvelle traduction, est à ce jour l’ouvrage le plus complet sur l’itinéraire de cet écrivain ainsi que sur le contexte historique et intellectuel dans lequel s’inscrit son oeuvre . En s’appuyant largement sur les Essais, Articles et Lettres de Orwell ( intégralement disponibles en quatre tomes chez Ivréa), il permet d’appréhender une pensée politique singulière et souvent controversée .

De son vrai nom Eric Blair, George Orwell naît en 1903 au Bengale. Elève médiocre, il fait ses études à Eton où il dévore les oeuvres de Swift, Wells ou London qui l’influenceront durablement . A 19 ans, il abandonne ses études et s’engage dans la police impériale en Birmanie . En désaccord total avec l’esprit colonialiste britannique, il démissionne au bout de cinq ans.

De retour en Angleterre, il fait le choix définitif de l’écriture. Commence alors une période difficile ; sans réels moyens de subsistance, il part à Paris où il alterne les petits boulots (plongeur, précepteur, etc) et les périodes de chômage ; il vit dans des taudis où il côtoie la misère et la petite délinquance ; cette expérience est relatée dans son premier récit publié en 1933 sous le nom de George Orwell : Dans la Dèche à Paris et à Londres. En 1935, paraît Et Vive l’Aspidistra, roman un brin nostalgique qui dénonce la course au progrès et l’individualisme galopant et qui célèbre la convivialité. Il s’agit pour l’auteur de sauver l’aspidistra, fleur symbole de l’Angleterre.

Pour compléter ses revenus encore insuffisants, son éditeur lui propose d’enquêter sur le chômage en pays minier, reportage qu’il publiera sous le titre Le Quai de Wigan en 1937 ; cette expérience le rapproche des idées socialistes et du milieu ouvrier .

En 1936, la guerre d’Espagne éclate et il part combattre dans les rangs du POUM (Partido Obredo de Unificacione Marxista), un parti de gauche, anarchiste et révolutionnaire ; il y expérimente le socialisme réel et l’égalité sociale ; il découvre aussi la répression des communistes contre les partis révolutionnaires, accusés d’être une cinquième colonne fasciste ! Ecoeuré, il devient alors farouchement anti-stalinien . Son récit Hommage à la Catalogne publié en 1938 est violemment attaqué, lui-même est taxé de trotskiste faisant le jeu des fascistes. Gravement blessé, il est réformé pendant la seconde guerre mondiale et travaille pour la BBC tout en écrivant des essais politiques et en collaborant à des revues et journaux (il tient une chronique au London Tribune).

En 1945, il publie la Ferme des Animaux, satire du système soviétique sur fond de fable swiftienne et réflexion sur le pouvoir et l’opportunisme ; le succés immédiat du livre le consacre comme l’un des meilleurs écrivains de sa génération ; malheureusement, sa santé se dégrade (il est atteint de tuberculose) et il perd sa femme dans un accident ; c’est dans ces conditions qu’il s’attaque à son chef-d’oeuvre qui réunit toutes ses expériences passées . Epuisé, il s’éteint en 1950, quelques mois après la parution de 1984 .

Mon avis :

1984 est le livre noir et pessimiste par excellence...

Orwell nous entraîne dans une immersion effrayante de réalisme et d'intelligence dans un monde, souvent plus proche d'une réalité passée ou à venir, que de la fiction.

On peut l'analyser comme un chef d'oeuvre de ressenti humain, le récit va crescendo dans un vertige qui confine presque au malaise du lecteur.

Ce roman suscite de nombreuses interrogations sur sa finalité, est-ce une plaidoirie contre la dictature de la pensée? une expression de la peur de l'avenir? un simple récit fantastique? un roman philosophique sur la nature de l'homme? Rien de tout ça ou peut-être tout à la fois...

En tout cas, cette histoire constitue sûrement la meilleure description de ce que pourrait être le Totalitarisme entièrement abouti....et le pire cauchemar sur l'évolution de notre société.

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Commentaires
A
C'est justement pour cela qu'il fait froid dans le dos car on réalise que George n'est pas loin de la réalité...
N
Ce qui fait froid dans le dos, c'est quand on se penche sur notre histoire ou même sur l'actualité, on s'apperçoit que big brother n'est pas le fruit de l'imagination d'un auteur mais un constat réaliste des dérives de nos sociétés...
C
J'avais trouvé ce livre complètement flippant. L'ambiance est tellement réaliste qu'elle donne froid dans le dos.
A
Je l'ai lu il y a très longtemps.<br /> De ce que je me rappelle, je pense que tu en fais une bonne analyse. C'est clair, qu'il "fout la trouille".<br /> J'ai lu "Une peine à vivre" de Rachid Mamouni qui parle également du totalitarisme mais de tout autre manière.
J
Dans le genre gd classique "visionnaire", ça fait penser au roman d'Aldous Huxley, Le meilleur des mondes... brrr !
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